vendredi 20 avril 2007

Planche 1

zoom sur les images
D'après un personnage de Dario Fo. Appelons-le Monsieur Loyal, ou le Clown, ou le Magicien, ou le Narrateur, ou encore El Expliquador.

Il est Celui qui fait se dérouler les scènes de ce livre, de tous les livres. Toute description de Lui est strictement impossible. De Ses mains naissent les univers comme la lumière surgit de l'ombre. Sa tête c'est le soleil, et la lune Sa mie.


Ou s'agit-il d'un dieu Tao, un sage chinois vêtu à l'occidental ?


En tout cas il est sur le devant de la scène et y présente au public sa comédie. Il a l'air bien joyeux, pas quelqu'un qui cracherait dans un verre de vin, un qui aime bien rire... D'ailleurs sa cravatte est constellée de onze points blancs, le marque du Fou, le nombre du Tao.


Ce livre s'ouvre sous de bons auspices.


Remarquez bien comment les jambes de Monsieur Loyal reposent sur deux cétacés, une dame baleine en train de passer un savon à son homme ; ces deux-là forment la paire, les deux colonnes qui soutiennent toute cette histoire. Le mâle, colonne de droite, est à l'amour - la femme, à gauche, est à l'exactitude, la proportion, la mesure, l'indispensable rigueur. Comme le Yang ne peut être sans le Yin et vice versa, ainsi amour ne peut être sans rigueur, ni rigueur se maintenir sans donner un signe d'amour.


A eux deux ils forment la colonne du milieu qui, elle, est invisible et par laquelle circulent et s'affirment les influences célestes et terrestres. Alors viennent à glisser les nuages, les merveilleux nuages, dans le silence de l'azur, tombent, montent les eaux, volent les oiseaux, chantent les fleurs, rafraîchies par un orage d'été sous les pas de l'homme et de la femme qui vont vite de par le pré.

Planche 2 et 3

Un crapaud géant et une vièrge, à peine couverte d'un bonnet de bain bleu.
Comme attiré par un aimant le reptile nage vers la Belle dévoilée. Elle, à son tour, taquine de son pied l'eau, l'appelle, l'allèche, tout en feignant de ne pas le voir... bleue est la femme !


Où se joue cette pièce ? Mais de derrière Rio jusqu'au-delà Tokyo et de dessous Soweto à plus haut qu'Oslo. A sa droite s'épanouit une série de méandres, qui ne connaît pas de fin mais cependant un début et ne peut être dessinée que de droite à gauche ; appelons ces croix, qui remplissent toutes les pages de cet album, les sceaux du Livre des Vivants.

La droiture de Dame Justice... immuable... inchangeable... stable... balise... port... creuset... utérus... Mater Deus.

La Matrice.

Maintenant le grand et libre désir d'amour du crapeau... son désir imbibe tout le bassin... par le feu poussé il nage vers elle... c'est normal... Monsieur Yang, comme le père Jacob chez Rachel, aimerait tant séjourner dans les tentes de Madame Yin, et tout le reste s'arrangera de soi-même...

Le mouvement juste... sensation éternelle... unique mouvement. Alors seulement adviennent les mots... rient les fauves... éclatent en gerbes les flots... souffle vent à travers le désert... fleurit la ceriseraie... Seigneur ! bourdonnent les abeilles... rugit le dragon. Seulement alors. Pas avant.

Car à jamais et pour toujours un veut être deux... pourquoi sinon Terre tournerait-elle autour de soleil ? Donnée de base... s'y accorder et cueillir immédiatement les fruits...

O chevaliers, levez donc vos bannières !

Planche 4

L'offrande de la femme renverse le crapaud. Comment ! Lui !? Objet d'amour ? D'amour sincère ? Miracle..!

Ses lèvres volent vers lui, Dieu du ciel, comment est-ce possible..! Le crapaud tressaille. Chaste, la trois fois très Belle clot les yeux quand le monstre vert s'approche d'elle. Abandonnée à lui, en pleine offrande, elle tend ses lèvres... le monstre qui ne veut plus être monstre saisit la chance de sa vie - à travers les yeux de la femme pour la première fois un rayon de lumière tombe dans les caves noires de son âme esseulée... Le monstre pan ! se transforme en prince... puisque depuis le début elle ne l'a pas vu autrement !

Emotions insoupçonnées... surgissent des nuées de papillons d'excitation... une très vieille peau tombe en morceaux... sous le pire, un sire !

Lui-même le plus étonné encore...

Un vent frais et nouveau lui envahit son coeur... de nouveaux gestes naissent... des mots nouveaux et vrais... force encore jamais expérimentée.

Finie la solitude. La féerie peut débuter. Qui suis-je ? Je est un autre. Le seul vrai.

Vertiges. Transformation, le crapaud s'est catapulté dans la bonne direction. Certes, le chemin est encore long et inévitablement se dresseront embûches et pièges, chausse-trappes - mais un bon démarrage est la moitié de l'ouvrage. Sans doute - les choses ne se font pas toutes seules - le sang, la sueur et les larmes couleront... mais plus jamais il ne pourra renier sa métamorphose...

O chevaliers, ceignez donc vos épées !

Planche 5

Le Fier Baiser en close-up.

Un baiser descend du ciel, un baiser monte des eaux. Toute la femme, tout son souffle est continuation, extension, cris de joie des corps célestes et terrestres ; elle couronne leur existence. De son nombril jaillissent les dix mille êtres.

Tao sourit fort derrière ses paupières et fait son travail. Point, pôle, jouissance - invisible, indicible, sans forme, hors espace-temps.

C'est l'offrande de la femme qui rend tout à nouveau possible pour le crapaud... c'est la femme oui qui ne s'en laisse pas conter... inébranlable... nullement gênée par des empêchements intérieurs ni par haine de soi. Sa franchise... cet art... cet art suprême... qui réchauffe soleil et égaye lune, réjouit les dauphins et transforme le crapaud en prince...
Un deux trois dix mille nouvelles dimensions se bousculent en lui, s'offrent au héros et élargissement à l'extrême son être. Le franc baiser amène le crapaud à sa destination.

La femme ? Un deux trois dix mille univers d'avance... Pour Dame Yin Sir Yang doit s'incliner et même mourir, car comme il fut déjà dit : si le grain ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; s'il meurt, il porte beaucoup de fruits...

O chevaliers, levez donc vos étendards et pavillons!

Planche 6

Dame Eve cependant, tant qu'elle n'est pas vue, se sent monstrueuse, elle aussi. Elle aussi a besoin du soleil d'Adam pour être totale...

Voyez comment il ferme les yeux humblement, et avec lui les Trônes, Seigneuries et Principautés - et regardez comment la femme jusqu'au bout garde son oeil fixé sur lui. Est-ce qu'elle le sonde ?

Dans la nuit enragée ses boucles se balancent sauvagement au vent... un axe bascule quelque part... paf ! une princesse nous est née... puisque depuis le début il ne l'a pas vue autrement !

Tu es beau, le plus beau des enfants des hommes, la grâce est répandue sur tes lèvres, aussi tu es béni de Dieu à jamais. Ceins ton épée sur ta cuisse, o héros, dans le faste et l'éclat va, chevauche, pour la cause de l'amour, ta main droite te guidera miraculeusement !

Pour toujours et à jamais lorsque deux âmes se trouvent, les cieux et la terre crient de joie, les singes virevoltent encore plus ivres à travers les bois et l'on entend nettement le cri des pampres retentir, rouler et tonner par-dessus les champs et les collines.

Toujours lorsque Lady Yin et Sir Yang font entre eux crépiter le feu ...tressaillent les étoiles ...rugissent les flots de plaisir ...jubilent les sources ...débordent de joie les fontaines ...chantent les cygnes et gazouille le poupon dans son berceau.

Où se joue cette pièce ? Mais depuis les profondeurs terrestres juqu'au-delà des astres, depuis derrière Acapulco jusqu'à passé Bornéo et de plus bas que Losetho jusqu'à plus haut que Meaux ou Saint-Malo.

O chevaliers, fermez donc vos heaumes et levez vos lances !

Planche 7

Ca y est, l''inévitable merveilleux a eu lieu, la magie, la féerie peut débuter, par exemple ici, au bord du vieil océan qui en a vu d'autres... Avec ce Milou fou-fou, déchaîné il court le long de la marée, à l'avant d'un tsunami il accélère, un os dans la gueule.

L'homme et la femme ne craignent plus rien, ils se sont jetés là où la mer se mêle au soleil, ancrés désormais dans ce point inexprimable, énigmatique, infini et sans forme (mais parfumé) d'où le tout sourd et où le tout retourne.

Quelle heure est-il ? Midi ?

Deux vélos... jetés dans le sable... contre les dunes... Pour les maîtres de la victoire, Sire Soleil et Dame Lune dansent au zénith et les flots chantent et murmurent.
Au loin un couple d'avocettes passe à gué un banc de sable. D'innombrables mouettes rient fort et filent en longues files indiennes par-dessus les blondes bosses de sable ; un bref instant une odeur de résine chauffée à blanc passe dans l'air.
A l'horizon apparaît un bateau de pêche toutes voiles dehors.

Ou s'agit-il du navire du Hollandais Volant ? La malédiction, est-elle donc vraiment en morceaux, comme il est murmuré déjà ici et là ?

Mais oui, elle a été brisée celle-là, cette malédiction est finie. Un axe a basculé, un vieux serpent a été écrasé.

O chevaliers ! tonnez donc vos taïauts taïauts taïauts !

jeudi 19 avril 2007

Planche 8 et 9

Un ours, symbole primordial du guerrier, du souverain, en sa fonction de défenseur absolu de la sainte doctrine.

Est-ce ici le premier matin du monde ? Des flots d'eau tombent en trombes d'en haut ; de gros rochers moussus saluent les premiers rayons caressant d'aurore. On peut même très bien entendre les eaux se frotter, se polir contre les cailloux, et respirer l'odeur entêtante aussi des bouquets de résineux tout autour. Est-ce le premier matin du monde qui vient ?

Un adonis apparaît à l'horizon.

A chaque union d'âme, Adam crée Eve - c'est là le secret. Il lève son pouce, ravi, interdit : son grand désir s'est réalisé, oui ! là devant lui ! la côte de son âme est devenue libre chair ...pour lui ! Miracle...
Elle répond à ces espoirs sans bornes, oui, elle est encore plus incroyable qu'en ses songes les plus fous il avait eu la folie de rêver ! D'or drapée elle se fraye un chemin vers lui, tête levée, princière altière, gracieuse et fière, couronne d'une oeuvre muette. Ainsi les choses vont-elles, tournent et roulent et virevoltent-elles.

Le grizzly contemple la scène et s'en repaît. C'est sa mission de garder le dépôt intégral de la sapience, car - il est sûr de cela - une fois ce Point principiel d'appui respecté, avec un peu de patience, tout s'organise de soi-même.

C'est là la recette du forgeron, c'est là le secret de la messe.

O chevaliers, éperonnez donc vos andalouses et vos juments !

Planche 10 et 11

Un couple de jeunesse s'isole sur l'arche.

Elle : d'après Rembrandt van R.

Voyez un peu comme elle fait la coquinette... Les ongles de ses pieds, elle les a laqués rouge, l'adorable... Ah ! le feu elle aime bien le chauffer !

Et lui ? Un prince Celte. De sa main gauche il tient l'axe du monde et de sa main droite il lui tend un vase rempli d'herbes secrètes, odoriférantes. Avec sa majesté il se place pile sur la ligne du Point principiel - dans ce nombril il accomplit ses miracles. Cet axe, il ne le lâchera certainement pas.
Stupéfait il regarde les pleins et les déliés de son aimée moutonnant et bondissant dans l'air, jeu mystérieux de douces et nobles forces... travail d'anges. Voyez donc comment elle s'offre à lui sans fausse honte, quelle preuve de grandiose abandon, la liesse de la liberté se déroule devant ses yeux.

Comme s'appelle-t-elle donc ? Hendrickje ? Saskia ? Betshabée ? Rose ? Fleur ? Une épingle d'or tient ses boucles mordorées attachées. Le moment d'union bénie a sonné, le prince ex-crapaud ferme les rideaux. Deux veulent jusqu'au bout du bout être un.

Plume ici se tait et se retire.

Planche 12 et 13

Un couple de jeunesse contemple l'Inoui, sous l'oeil d'un fauve, dont il a été dit qu'un jour il se couchera près du chevreau.

Muets ils regardent les lignes d'une Etreinte élémentaire se courber, se nouer, rouler, onduler et flamber dans l'air.
Symbole aimé et dressé déjà par les Celtes.
Représentation de l'Irreprésentable qui précède le tout et dont le tout procède.
Symbole remontant au-delà de la nuit des temps.
Fidèlement transmis par la génération humaine.
A travers l'interminable élongation des siècles.
Et la suite obscure des innombrables millénaires épuisants...

Telle une seiche, la rayonnante Etreinte sans cesse change de couleurs et envoie par cercles concentriques des notes de musique au parfum d'éden. La féerie peut débuter, soleil est au Midi et n'inclinera plus vers l'horizon. La malédiction est brisée : d'autres feux démarrent, une vieille porte s'ouvre largement.

C'est la main de l'homme qui, par le biais de la femme, fait apparaître la mélodie du paradis ; à eux deux ils font surgir le miracle... Hé ! c'est ainsi ! demandez donc aux éléphants, aux crocodiles et aux petits lapins, consultez les hirondelles, cherchez la réponse auprès des baleines et des sangliers, interrogez les roses - ils ne mentiront pas.

O frères chevaliers, levez donc haut vos coupes et coupelles !

Planche 14 et 15

Vue sur le jeu principiel entre rond et carré. En-haut en chair et en os, en-dessous géométriquement.

Le rond est au commencement et appartient au masculin ; la quadrature est la floraison de ce que le rond portait en lui en germe : c'est l'oeuvre de la femme. Rond est la bonté du coeur, carré est la juste proportion, la mesure, la rigueur. Ensemble ils font naître l'être et étinceler les étoiles.

Carré correspond à la terre, rond au ciel.
La quadrature est la somme heureuse des germes du rond, arrivés à maturité. La création entière dépend de ce principe. Lorsque les deux se mêlent dans le secret des tentes d'amour, alors jaillissent les dix mille êtres, à commencer par père temps et mère espace. Les mondes qui existent sont à la verticale de cette Noce méta-cosmique, solide, imperturbable, pour toujours et à jamais.

Parlez aux nuages, aux merveilleux nuages et ainsi ils vous répondront.
La femme : Ruth ? Esther ? Myriam ? Sophie ? Claire ? Rebecca ? se vêt de soie noire transparente, un gros caillou à l'oreille gauche. Comme il sied à une reine elle sonde l'homme ; tous ces traits trahissent une assurance hardie et tranquille, reflètent clarté d'esprit et de coeur, parlent de volupté et de sagacité en chair et en os. Son cou ? Tour de la maison d'Israël, il s'élance haut vers le ciel et relie gracieusement avec les profondeurs terrestres.

Lui ? Il a l'air d'un bon vivant méditerranéen, rit de toutes ces dents, heureux, si heureux ! Il a toujours encore un peu de mal à réaliser son bonheur, garçon gentiment timide au fond... Son âme et son délice, là, devant lui ! ? Miracle... Emu il la serre tendrement contre lui.

O chevaliers, carillonnez donc vos solstices !

Planche 16 et 17

Le cavalier défend une cause sacrée, il se place, il lutte dans le signe de l'amour, de la vérité, de la piété et de la justice. Maître de la victoire il brandit son espadon de lumière, ses haches et ses flèches sont affûtées ! Le Léviathan offre au héros son dos, le Béhémoth ses reins. Un deux trois dragons éclatent de rire, rugissent et crachent de délicieux feux et flammes qui durent ce que durent l'azur des heurs.

Les Majestés, les Puissances et les Dominations sont derrière lui, devant, des deux côtés, au-dessus et en-dessous de lui. Le prince ex-crapaud se trouve au coeur de la vérité, en plein dans le mille.


Les deux moitiés du calice, du tambour, du sablier naissent d'un rond central. C'est ainsi qu'elles sont en mesure de recueillir et de retenir les dix mille activités du ciel et de la terre pour en boire le nectar ...sans modération.
Tant bien que mal ce rond central représente l'universel désir de la volonté amoureuse, le point infini d'où tout sourd, à commencer par l'espace et le temps. Qu'on les questionne : ainsi ils répondront.

Dans le compartiment supérieur du sablier règne le ciel, à l'étage inférieur siège la terre. La terre reçoit la graine, le sperme, le temps qui glisse et tombe d'en haut. Au début à peine perceptible, puis le flux s'accélère, se précipite. Si l'on veut redémarrer le temps il faut retourner le sablier, - et c'est le nouveau temps ! Un coup de ton doigt décharge tous les sons et commence une nouvelle harmonie. Un pas de toi, c'est la levée des nouveaux hommes - en marche. Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se détourne - le nouvel amour !

O chevaliers, libérez donc vos astres !

Planche 18

Deux êtres forment un trône, quatre mains un siège. La terre tournicotte dans l'espace fleuri, Tao sourit.

Evocation de la croix coudée ?
Jaquette du Livre des Livres ?
Illustration de la profonde vérité à la surface ?
Le roman de la Terre ?

"Au commencement, in principio, le paradis était rond et y vivait déjà un couple de jeunesse ; après une série infinie de siècles et de millénaires, après des déluges, revers de fortune de toutes sortes, de malheurs, labyrinthes et impasses, le couple réalise la nouvelle Jérusalem carrée dont les assises et le rempart sont en diamant réhaussés de pierreries".

C'est résumé en une seule phrase toute notre sacro-sainte histoire... Ulysse rentre au bercail auprès de sa blonde et restaure le bon ordre dans son palais... une épopée de millions, de milliards de pages... chacun qui vit... à chacun son chapitre... son rôle dans le grand devenir... étonnements... stupéfactions... vertiges... griseries.

Le livre est suspendu dans un doux brasier, la Terre continue sereinement à jouer la toupie, les quatre mains forment un solide trône, rond produit un carré fruité et aéré, un bouquet de noce impétueux qui pénètre de son parfum tout le folio.

Les deux maîtres de la victoire étendent leur âme dans le secret de l'amour fou, ils n'ont plus rien à craindre, ils se sont même affranchis de la mort et de la vie, ils sont définitivement ailleurs... ils se rient de l'espace et du temps... ils se sont jetés dans l'éternité.

O chevaliers, crachez donc vos flammes !

Planche 19

Un homme et une femme dansent dans les airs francs de vieux freins séculaires - ils sont même capables de séparer leur tête de leur cou sans dommage ...puisque désormais tout leur est possible !

Leur identification radicale avec le Point suprême leur donne les ailes de la liberté totale, conforme au Principe. ...Un vieux joug leur a été enlevé.
Dans le vert fluo de l'herbe quelques dragons font claquer leur queue, mer se régale de soleil, éclate en mille gerbes - soleil profite de mer et multiplie par trop plein de joie ses rayons.

Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.


Où ?

Mais de Miami à Nagasaki et d'Helsinki à plus loin que Nairobi. Dorénavant le couple de jeunesse peut tout rendre possible, pour eux plus de limites, le point de ???? les soutient, les dirige et les pousse en avant, devant eux toutes les portes s'ouvrent, les mots et les éléments s'unissent en eux et s'en donnent à coeur joie, avec les Majestés, les Puissances et les Dominations.

Deux se font quatre... une spirale débute... un vortex se déploie... happy end... comme promis au commencement... gardé parole à travers les siècles des siècles... respectée la promesse au cours de l'interminable extension des temps... inébranlable.

Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.

O chevaliers, dardez donc vos soleils !

Planche 20

Au milieu du carré rond ordonne de remplir les quatre point cardinaux de son feu, souffle et esprit, - nous apprend ce signe sacré des Celtes, à voir sur des monuments mégalithiques.

Teinte : gris-blanc, dans la tradition iconographique la couleur de la Résurrection.

Variation sur la planche précédente ; la vérité n'est-elle pas sous tous ces habits et différentes coutures toujours une ? C'est nous qui changeons, pas elle.

Quoi ? La Vérité ?

Oui, la vérité, elle est retrouvée... elle n'est jamais partie... l'aurait-elle voulu elle ne l'aurait pu... c'est nous qui sommes partis... loin d'elle nous errions dans les bolgues... à la fin nous avions diantre ! même fini par nous perdre nous-mêmes !

Mais en elle nous nous sommes retrouvés... des fenêtres depuis longtemps murées laissent passer à nouveau une lumière... une lumière tout autre... quelque chose de beau... quelque chose de nouveau... quelque chose de total ! Plus d'obsolètes bornes... un hardi champ de liberté se déploye devant nous... une force depuis l'expulsion du Jardin des Pensées Heureuses jamais plus expérimentée et mise en route.
O chevaliers, libérez donc vos astres !

Planche 21

Du rond jaillit, indomptable et sans frein, le blanc et le noir, le plus et le moins. Ici crient les nuées, chante soleil, danse la lune et bondissent les étoiles. Marche l'homme.

Quoi ? L'homme ?

Il est retrouvé ! A son côté, une côte à lui, une femme, sa Sulamite, pour elle il compose et entonne son cantique, touche les cordes, ravi danse à travers les heures ...qui ne sont plus des heures mais des heurs qui durent des heures et des heures, jaillissent et inondent les champs et les villes.

Madame offre le bras à son Adam, des nuées de papillons accompagnent leur course. Tel un large torrent de montagne ils glissent, volent dans l'air, et chaque seconde se fait plus intense : c'est ainsi que nous voulons vivre... dans un temps en une seconde... qui sans jamais cesser de s'écouler... se creuse toujours plus profonde... comme si l'éternité... se déployait sans fin... au coeur d'un moment... défilé d'un ailleurs innocent... le temps fixé qui s'amplifie à chaque instant... davantage de perspectives plus fortes encore... un voyage où tout bouge et rien ne change... magie paradoxale pour nous autres Vivants.

O frères chevaliers, balancez donc vos boules de feu !

Planche 22

L'impétuosité de l'homme, tempérée par la mesure de la femme, sa Muse, Vénus et Venise. Son désir à lui, épuré par sa libre volonté à elle, voilà au fond et à la surface la réalité des choses. Sa folle aspiration à lui concrétisée par sa matrice à elle.

Il est quelle heure ?

Mais il est au milieu du Midi... quelque part entre... l'heur... du soleil et de la lune... une armée de cigales... troue les nuées... par-dessus châtaigniers... pierre elle-même ruisselle... au son d'une flûte... timide mais ferme... Dame Lune et Mâle Soleil font vivre l'amour à deux... seule flûte les accompagne... et vent... soulevant les voiles... des anges ravis... qui contemplent des plaisirs du Midi... le spectacle... et un peu plus encore... la terre au ciel... glisse... vers les vers...du poème... final.

Là où, même en hiver, printemps toujours sera été en automne...

O chevaliers, fouettez donc vos ailes !

Planche 23

D'après Pablo P., un des rares à avoir compris le secret, à l'avoir pratiqué et enluminé tout au long de son existence page après page. Hommage au maître.


Où et quand se déroule cette scène ?

Eh bien il y a 2600 ans à l'embouchure du Rhône, lorsque l'explorateur-navigateur-pionnier héllène Protis ("prototype") y est descendu à terre et y a rencontré la princesse celte Gyptis, l'a épousée et ainsi a sciemment jeté l'ancre de ce qui allait devenir la civilisation de l'Ouest, avec comme berceau et premier fondement l'antique Massilia.

Voici donc le fait historique : Europa se fonde sur une histoire d'amour aboutie entre un aventurier étranger et une blonde princesse autochtone, version occidentale du Livre éternel de l'amour, qui dans l'histoire universelle manquait encore... Europa a débuté de la sorte et ainsi elle ne périra pas.

En grec ancien Massilia signifie "là où il fait bon jeter l'ancre". La mer, "Mar", s'y mêle avec soleil = Mar-seille. Aussi, si jamais l'élite européenne perdait le souvenir de la nature exacte de sa naissance, elle pourrait toujours se ressourcer ici sur place, y éclairer sa lanterne, puisque, en raison du Principe d'éternité, ses racines sont toujours là, ne demandent même rien d'autre en réalité qu'à être réactivées... la source à nouveau veut couler, déborder...

Lui : un Héllène passionné, étranger complet, guerrier pacifique - il la regarde, encore émerveillé, farouchement... Elle : une princesse d'ici, un peu intimidée tout de même et perplexe aussi de se retrouver subitement si bien dans ses énormes mains infinies...

C'est arrivé hier, aujourd'hui, ici, à l'embouchure du frère méridional du Rhin le Rhône, sous une claire brise de soleil et de lune près des mouettes ivres d'air et de mer sur les roches blanches dans les eaux émeraudes du Lacydon... adaptation, interprétation du code seigneurial... germe de ce qui allait devenir et donner la civilisation d'Ouest... secret intégralement transmis... dans la chair et le sang... il y a 2600 ans... aujourd'hui... fidèle !

O chevaliers, dressez donc vos dix mille étoiles !

Planche 24

Figure universellement répandue tant sur des monuments, bijoux et ustensiles post-historiques qu'antediluviens, partagée par l'orient, le sud, l'occident et le nord.
Sanguine, fleur de lys de Turquie, encre de Chine et autres substances secrètes.

Selon le point de vue adopté les deux hélices roulent et tournent soit vers le point central soit au contraire s'en éloignent - c'est identique car toutes choses vont par deux, en vis-à-vis.

Le début aime à se précipiter vers la fin tout comme la fin aime introduire un nouveau début ; à la fin du cercle parcouru ligne fait un saut - et démarre un autre, un nouveau temps !

Avec l'aide de père temps et de mère espace se crée la double hélice édénique : un, toujours prêt à partager son être avec un autre devient deux puis trois - avec les dix mille êtres qui sont.

Tao sourit et très calmement, très profondément ivre roule et tourne et vire doucement derrière les nuées.

Le point d'appui central (appellons-le le point de ???? ) bien qu'unique, peut tout sans sortir de lui-même, et renouvelle toutes choses ; savoir sa puissance est la racine de l'immortalité.

Les deux danseurs couvrent de leur présence la jaquette d'un livre, un album qui voudrait être ouvert et qui peine à retenir ses rayons. Illustration tant bien que mal de l'activité obscure de ciel et de terre, appellons cela la formation lumineuse, numineuse et heureuse des hélicoïdes seigneuriaux, quelque chose comme un code sacré et intouchable, les saintes rotations de ciel et terre qui offrent à notre existence charpente, souffle, âme et sens.

O chevaliers, jetez donc vos gourmes !

mercredi 18 avril 2007

Planche 25

Un plus deux plus trois donne dix. Dix exprime la plénitude manifestée du rond en carré. Combien de mondes tournoient autour de cette amazone et son centaure ?

D'innombrables...

Sanguine, Pentex, gomme mie-de-pain, fleur de lys de Turquie, encre de Chine, craie.


L'homme un trident à la main - avec sa fougue il ouvre un nouvel espace, conduit sa Dulcinée ? Sa vamp ? Sa Muse ? Vers quoi courent-ils ? Qui ou quoi les propulse en avant ? Augmente leur galop ?


Un livre qui ne s'ouvre que de l'Orient à l'Occident, comme l'écriture de la maison d'Israël, leur offre une nouvelle vastitude, et les éléments immaculés les portent et les poussent toujours plus loin.


Ou, au contraire, sont-ce les éléments qui issent d'eux ?


Bercé de vagues venues de lointaines profondeurs le salut atttend son heur et déjà vit au creux de nos neurones, pour nous agit et dans la rue qui danse son rêve fruit d'Adam et d'Eve.


Ce que Adam fut nous le sommes aussi et ce que fut Eve nous le sommes tout autant, identiques de nature, âme et souffle, une seule et même dynastie édénique. Ah, les étoiles nous attendent, puisque leur oeuvres et leur destin dépendent de nous...


Les deux courent en éden, ces jardins de bonheur sans larme, ils rayonnent irrésistiblement leur rêve fou et personne ne pourrait les arrêter !


O maîtres chevaliers, chevauchez donc vos rossinantes !

Planche 26 et 27

Une paire de phoinix.
A gauche :
monsieur ...vide, lumière, esprit.
A droite madame ...pleine, noire, substance.

Ensemble ils conduisent le couple de jeunesse vers les jardins de l'immortalité.

Se lancent de drôles de regards ces deux piafs sur leur canapé spécial !













...Ou s'agit-il des chérubins posés sur l'Arche de l'Alliance en vis-à-vis, dans la plus sainte des tentes des fils et filles d'Israël ? Comme vous voulez.

Le couple de volatiles colorés, qu'on appelle aussi oiseaux de Tao, fait son apparition tous les cinq cents ans, à la fin d'un cycle, pour inaugurer le début d'un autre. A eux deux ils forment le saut du cercle, ce qui permet à la ligne courbe de continuer à tourner sans se rencontrer perpétuellement lui-même.

Il y a 500 ans, après la découverte des Amériques, la modernité et dans sa suite la mondialisation se sont définitivement installées et l'élite européenne a pris un chemin exaltant, non encore parcouru, plein d'espoirs.

Et aujourd'hui, où sont les Frescobaldi, les Frangipani, les Colonna et les Ursini, les Limburg Stierum, les Rochouart, Rohan et Harcourt, pour ne pas citer les Orange-Nassau, Windsor, Hohenzollern, Habsbourg et tous ces autres nobles Hidalgos des temps immémoriaux ?

Boivent-ils rosée ? Dardent-ils joie ? Leurs plumes et panaches, volent-ils dans la victoire, et leurs couleurs claquent-elles dans les quatre vents de liesse ? Vont-ils eux-même ramasser le bois de joie pour leurs propres gais bûchers ?

Elèvent-ils soleil ? Chérissent-ils lune ? Libèrent-ils l'oiseau d'or, le Milcham ?

O frères chevaliers, faites donc partir vos fusées et vos traçantes !

Planche 28

A nouveau la croix coudée.

L'espace entre les quatre mains forme un coeur, un bouclier d'or.
Sanguine, encres, crayon, craie. Coeur lys pur.

Sur l'Arche de l'Alliance les deux chérubins en pleine action. Rouge l'homme, bleue la femme - rouge le feu qui oriente, bleue l'eau qui reçoit, car feu fait naître l'eau.
Vu depuis le point principiel : ???? libère éther libère air libère feu libère eau libère terre avec les dix mille êtres et plus qui y sont.

La danse des deux autour du point primordial cause le carré, mouvement beau et vrai, juste et éternel. Représentation tant bien que mal du ressort tendu de la volonté amoureuse, la volonté qui désire ne plus rester seule, qui souhaite partager son être. Et n'est-il pas autrement plus excitant, intense, total que d'être deux ?

Un veut être deux afin de remplir et de vider encore et encore toutes les coupes de l'être. Etre seul, merci, il connaît, comme sa poche, personne ne pourra lui apprendre quoi que soit encore sur ce chapitre ; être un, okay, c'est bien, - mais être deux, c'est bien plus amusant. Qu'est l'autre sinon le miroir de son propre sang ...délicieusement autre ?

A deux on peut encore roulebouler dans les dunes... se disputailler pour maintenir l'atmosphère à niveau... vider son coeur, pondre son oeuf... échanger des mots... au lieu de chagriner dans un coin. Au moins peut-on hisser des drapeaux, écrire des odes ! Embrasser à pleine bouche de la chair ensoleillée, mettre des fleurs dans un vase, des roses avec des lys et des lotus au milieu.

Quel vase ?

Mais le vase qui recueille l'activité de ciel et terre, leurs dix mille influences, issues de la source, du moyeu, qui se nomme Amen et basta cosi.

Les deux chérubins sourient dans la Tente du Témoignage, tout comme Tao, avec Amen ils cinglent sur le dos de l'oiseau d'or les nuées du silence.

Plume ici se tait...

Planche 29

Quatre coudes solidaires forment un rhombe, un siège pour réceptionner l'activité du ciel ; figure sur les toits, murs et sols de nombreux églises et palais.

Le carré dynamique posé sur un de ses angles exprime tant bien que mal la réception de la rosée, de la MaNne d'aMeN, du sperma pneumatica retenu par carreau, concrétisé par vulve.


Selon toute vraisemblance l'homme de tout les temps a su déchiffrer sans confusion ce signe et lui donner une consistance dans le déroulement de ses jours, puisque son destin posthume dépendait, dépend toujours, de ce point un et indivisible d' ???? .


Rond : invisible


Carré : manifestation du désir de partage


Spirale : le saut du phoinix


Rond, Carré et Spirale : depuis le point d' ???? ils forgent notre existence dans l'obscure activité de la ténèbre. Notre existence ? Une gigantesque double spirale qui roulant et jubilant se fraye au milieu d'hélicoïdes encore plus larges un chemin vers le point d'où elle jaillit - danse puissante, puissant devenir.


Surprises... vertiges... griseries... notre rôle envoyé par la providence dans tout ce devenir... révélations... retrouvailles... des spirales dont nous pensions qu'elles avaient cessé de rouler et de tourner nous poussent en avant... nous parlent... grande, immense armée, un frémissement, les os se rapprochent l'un de l'autre, viens des quatre vents, esprit, et souffle pour qu'ils revivent !


O frères et soeurs chevaliers, choquez donc vos coupes et cratères !